samedi 25 novembre 2017

Le paradoxe de l'art en photographie

Puerto pavés, Instagram Martin Benoit
Rêvons un peu. Un monde sans art est assez ennuyant et mène vers une société en dérive tôt ou tard. Dans cette perspective, il appert normal que ce soit le gouvernement qui veille à la santé mentale de sa population en finançant l'art de la même manière qu'il finance la santé physique.

Dans les faits, il existe le Conseil des arts fédéral et provincial. Une déclinaison d'organismes publics et privés qui tentent de voir à la survie des artistes.

Dans les faits qu'en est-il de la situation financière de l'art?

Je m'arrête ici, car on parle évidemment de l'art photographique et comment en vivre en tant qu'artiste photographe au Québec en 2017.

Afin de "rémunérer" l'artiste, le gouvernement offre une protection via le droit d'auteur et les diverses ristournes et processus de défenses que le droit d'auteur représente. Ces mécanismes ne restent qu'un pis-aller pour pallier à la défaillance du gouvernement à nourrir l'artiste essentiel à notre société.

Une question se pose par contre: quels seront les projets/artistes financés par les deniers publics? Nous avons connu l'art de propagande de l'ère soviétique ou l'art religieux qui a fleuri dans les riches églises aux siècles passés. Il en fut de même pour le financement de la musique qui s'est souvent rendue à nous par le biais du financement religieux. Sans la religion ou sans les grandes dictatures, plusieurs formes d'art ne se seraient jamais rendues à nous. Il y a aussi tous ces inconnus qui ont manqué le bateau du financement des églises, dictateurs et mécènes. Ces illustres inconnus dont nous ignorons tout de leur art.

Dans la perspective où nous reconnaissons le besoin d'être entouré d'art pour notre santé sociale, devrions-nous financer l'art "populaire"? Celui que tout le monde aime d'emblée, et moins financer l'art marginal? Quels sont les véritables critères d'acceptation du Conseil des Arts? Ce que le Conseil des arts finance se retrouve-t-il facilement distribué et accessible à la population?

Notre société ne veut pas tuer les artistes, mais peine à les financer. Elle se fait une belle jambe avec ses organismes de financement qui théoriquement veille à la survie des artistes.Dans un siècle, quelle forme d'art aura survécu et atteindra les futures générations? Est-ce un indice de mesure de la qualité de l'art?

Est-ce que le travail d'Ansel Adams qui prenait ses fameuses photos de paysage pour le Sierra Club est de l'art ou du commercial? Est-ce que le commercial s'oppose à l'art? Alors, comment s'assurer de la survie des artistes en ces temps où l'on est exposé à environ 4000 photos par jour en moyenne? Quelle est la valeur sociale d'une photographie aujourd'hui? À en juger par la baisse de la valeur des photos dans les secteurs commerciaux, quel organisme sera prêt à verser des sommes significatives pour un projet photographique artistique?

Instagram et les appareils photo des téléphones cellulaires ont créé des artistes-photographes instantanés. Qu'en est-il vraiment?

Je crois que notre société actuelle occidentale basée sur l'offre et la demande n'est pas prête à assumer les frais qu'implique l'art. Les artistes sont donc confrontés à vivoter ou à "adapter" leur art à une profession qui leur permettra de s'exprimer un peu. C'est peut-être ce gauchissement de la fonction qui sera salvateur. On se souviendra des variations Goldberg qui n'étaient qu'un cahier d'exercices pour clavier destiné un étudiant de Bach selon la légende.


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