lundi 17 février 2014

Le besoin de contrôler les photos prises

enfants à Arcs sur Argent, France. photo Martin Benoit
De plus en plus, divers intervenants veulent contrôler la prise de photographies. Que ce soit un restaurateur ou une institutrice, les cas sont multiples où les gens croient qu'ils vont réussir à empêcher les photographes, pros ou amateurs, de prendre des photographies.

J'avais le coeur à l'envers quand j'ai lu cet article de Pierre Foglia où il décrivait une institutrice qui a noté la plaque d'immatriculation d'une voiture conduite par une femme qui venait de prendre une photo d'écoliers déambulant sur la rue. La police a fini par se pointer chez la femme photographe...

On me contacte souvent pour me faire retirer des photos que j'ai publiées sur différents sites web dont j'ai la gestion. Des photos souvent mises en ligne par le photographe/étudiant lui-même. Des années après, les étudiants semblent souvent renier leurs oeuvres de jeunesse. Je les retire à leurs demandes, mais je me questionne souvent sur le poids que l'on donne à nos images ou encore à la représentation de soi-même et je ne suis pas naïf sur le sujet, mais je suis un homme et non pas une femme souvent endoctrinée par une société malsaine à se soucier de sa représentation. Est-ce que je suis en train de sous-estimer les femmes ici?

Est-ce qu'un photographe commercial à ses débuts pourrait demander à un client qui l'a payé et qui utilise ses photos sur son site web commercial de retirer ses photos, car il se trouve meilleur des années plus tard et qu'il n'est plus super fier de ses premières performances?

La photographie n'est pas là pour s'amenuiser, mais plutôt pour se répandre. De plus en plus de gens se trimbalent avec une caméra incorporée à leur téléphone, à leur lunette (google glass) ou encore à leur veston. Comment peut-on croire que l'on va empêcher les gens de prendre des photos? On peut essayer à court terme, mais ce n'est que partie remise, car la technologie ne va que s'améliorer et se répandre. Comme disait Magritte « Ceci n'est pas une pipe », mais bien une représentation en peinture d'une pipe. Ce n'est pas vous, mais une représentation de 1/125 de sec de vous dans un contexte donné. Croire que le lecteur ne comprend pas ça, c'est sous-estimer le lecteur et donner un poids
extraordinaire à cette représentation de soi.

Ce que je n'aime pas dans ces histoires est la prémice que l'usage des images soit diffamatoire ou détrimentiel à la personne concernée que ce soit sa recette de bouffe ou la représentation d'enfants ou encore de lui-même.

Je n'ai vraiment pas aimé la panique après le 11 septembre où beaucoup se sont donné le droit d'envahir notre vie privée pour des prétextes de sécurité. Je me questionne encore à quoi sert vraiment toute cette invasion de surveillance vidéo, photo, et d'écoute électronique? Je ne doute pas de son efficacité, mais pas nécessairement pour les prétendues fins.

Paradoxalement, je ne vois pas comment empêcher la prise de vue et pourquoi l'empêcher. Je viens d'une époque où s'opposer à une prise de vue de soi constituait une forme d'orgueil excessif. Les temps ont changé et aujourd'hui c'est devenu un droit à la vie privée. Étions-nous naïfs dans les années 60-70?

Il reste beaucoup de pays où les gens ne s'offusquent pas de se faire photographier sur la rue. Sont-ils naïfs ou plus humbles? Tout le monde à quelque chose à cacher ou quelque chose qu'ils n'aimeraient pas expliquer en public. Car le public est généralement rapide à juger et tirer ses propres conclusions souvent simplistes. Dans ce contexte, il peut sembler prudent d'éviter de se retrouver sur la Toile à son insu.

Ce qu'il faut espérer, et là je suis peut-être naïf, c'est que la population sache discerner le pertinent du non pertinent. Ici, au Québec, il ne semble pas y avoir de marché pour la photographie de style paparazzi de nos vedettes locales. Les lecteurs québécois ne sont pas intéressés de voir une vedette en train de faire son marché à l'épicerie. Est-ce, car on ne leur offre pas ce genre d'imagerie ou est-ce, car il n'y a vraiment pas de marché pour cette imagerie?

Reste une chose, la population a souvent une perception distorsionnée des réalités statistiques. Par exemple, des études démontrent que le sentiment de sécurité à Montréal a baissé depuis les années 70, quand dans les faits il y a 3 fois moins de crimes violents à Montréal. Est-ce la faute des médias de véhiculer ces perceptions ou est-ce notre propension à faire des scénarios catastrophe?



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