vendredi 22 mars 2013

À quoi ça sert les écoles de photo?

photo Martin Benoit
En tant que coordonnateur du programme de Photographie du cégep du Vieux Montréal, je suis sollicité presque sur une base quotidienne à justifier notre offre de formation.

À quoi ça sert une école de photo dans le contexte d'Internet et de la démocratisation de la photographie numérique? Il y a de très, très excellents photographes qui gagnent bien leur vie, qui ne sont jamais allés dans une école de photographie et qui n'auraient probablement rien à gagner à y aller. Il y a tous les autres qui auront à découvrir par eux-mêmes plusieurs facettes de la profession à leur frais sur le terrain. C'est aussi une excellente école de se faire mal, car souvent on s'en souvient plus profondément.

Contrairement à l'époque argentique, où plusieurs sous-secteurs d'apprentissage nécessitaient des équipements spécialisés non domestiques, l'école pouvait être un passage obligé pour, par exemple, apprendre à imprimer couleur à partir de négatifs. Rare sont ceux qui l'on apprit dans leur sous-sol.

L'école est devenue un choix d'apprentissage parmi d'autres options. L'école nous force à essayer des volets de la photo que peut-être nous n'aurions pas osé essayer par nous même et des fois nous font découvrir des aspects de notre personnalité ou de la profession insoupçonnés.

Ces temps-ci un débat se développe sur Internet relativement à l'usage de Instagram dans le secteur du photojournalisme. Est-ce que les photojournalistes devraient utiliser Instagram ou non et dans quelle mesure l'approche académique du photojournalisme incorpore les avantages d'Instagram? Les vieux routiers semblent désapprouver l'usage de filtres Instagram dans ce secteur. A-t-on besoin d'aller à l'école pour comprendre qu'aujourd'hui dans le domaine de l'actualité il est inacceptable d'altérer une image à l'aide de filtres pour la rendre plus « intéressante »? Dès fois l'école peut servir à nuancer ces concepts et instaurer de bonnes pratiques. De plus, l'école peut sensibiliser les photographes aux notions de licence d'utilisation, chose qu'un autodidacte découvrira peut être sur le tard et entre-temps pourra avoir créé de curieuses attentes chez les clients.

L'école c'est un style d'apprentissage et en attendant le jour où les fédérations et associations exigeront des diplômes pour pratiquer (comme c'est le cas en médecine et autres domaines similaires), la diplomation et le passage par l'école resteront un choix personnel. Quand et si ce jour arrive, sera-t-il souhaitable?

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Voyons Martin, ça sert è rencontrer des gens comme toi!

Anonyme a dit...

Je trouve qu'une école, bien qu'elle ne représente pas toujours la réalité du marché photographique, te met ou t'incite à te mettre en branle et à t'investir et apprendre comment gérer des projets, des commandes de clients réels ainsi qu'à côtoyer des gens qui pourraient représenter n'importe quelle type de personne ou de personnalité sur le marché du travail.

Claude Gauthier a dit...

Voilà une question pertinente! La facilité déconcertante avec laquelle on peut produire et traiter une image numérique fait en sorte que l’apprentissage est intuitif et accessible à tous. Que reste-t-il à un photographe pour se distinguer? Bien sûr la maitrise de l’utilisation de la lumière, quelques concepts techniques semi-abstraits, la maitrise du workflow et la volonté de se garder à jour avec l’évolution de l’équipement. Il reste cependant un autre volet pour assurer la qualité du photographe: la créativité, une qualité qui peut être enseignée, mais qui est avant tout innée.