samedi 19 mai 2012

Va-t-il falloir porter un carré jaune/noir?

Manifestation nocturne le soir de l'annonce de la loi spéciale 78. photo Martin Benoit
Les « agressions » envers les photographes se multiplient ces derniers jours. Personne n'y échappe, vieux routard, professionnel, semi-pro, etc. La FPJQ demande aux leaders étudiants de condamner la violence envers les journalistes.

Le Devoir a publié un article sur les difficultés que vit Jacques Nadeau ces derniers jours.


Un photographe de La Presse a été arrêté. La liste des plaignants est longue, mais ne fait pas trop de bruit, car « ça fait partie du métier ».

Francis Vachon résume la situation.

  Le paradoxe de la revendication ces jours-ci. On fait une manif pour avoir une voix et une visibilité. Sans reporters, une manif est quasi inutile. Si tous les médias s'entendaient pour ne plus parler des manifs peut-être que les manifs cesseraient. Dans les cas des détournements d'avion dans les années 70, il semble que ce soit comme ça que ces détournements aient cessé, les médias se sont mis d'accord pour ne pas donner de la visibilité à ce genre de situation. Mais, il faut parler des manifs pour les nuancer, elles méritent une visibilité, c'est d'intérêt journalistique. Ce sont les règles du jeu dans notre société qui inclue dans ses deux chartes des droits et libertés (fédérale et provinciale) le droit à l'information comme un droit fondamental.

Le problème est l'usage que semblent faire les forces policières avec toutes ces images que l'on retrouve sur les diverses plateformes. Une responsable de mobilisation m'explique : « Même avec un carré rouge, les photographes ne sont pas nécessairement les bienvenues. Avec plus de 1000 arrestations depuis le début du conflit et les conditions de libération qui en empêchent beaucoup de manifester, si leur visage est capturé, c'est la prison automatique. Sans compte que les lignes de piquetage sont maintenant illégales avec les injonctions. Ce n'est pas pour rien que la question du port du masque est “hot”. Et je parle par expérience. La tactique de la police est de faire des arrestations de masse avec des accusations standards pour tous les arrêtés (tout le monde est généralement accusé de méfait et d’attroupement illégal). Comme c'est une arrestation de masse, nous savons que majoritairement personne n'ira en prison ou ne sera reconnu coupable de quoi que ce soit. Les accusations tombent généralement la veille du procès. Mais les procès pour ce genre d'affaires sont généralement un an après les faits, sinon plus. Et une fois arrêté, pour être libéré, une personne doit signer son accord à ses conditions de libération. Si la personne refuse, elle ne pourra pas être libérée avant le procès. Le problème, c'est que ces conditions incluent souvent l'interdiction de manifester, de se trouver à une certaine distance du parc Émilie Gamelin ou de son établissement en grève dans notre cas, et l'interdiction de communiquer avec ses coarrêtés. Si ces conditions sont brisées, c'est la prison automatiquement. Voilà pourquoi les photos sont perçues comme dangereuses. »

La nouvelle loi spéciale rendra le travail des photographes encore plus difficile. Les forces policières ont leurs propres photographes et vidéastes pour ce genre d'identification. Tous ces éléments constituent une érosion de la démocratie comme on la connait ou croit l'avoir connue. La démocratie des uns finie où celle des autres commence.

Doit-on porter un carré rouge pour se protéger des manifestants, ou une carte de presse pour se protéger des policiers, ou les deux? Un carré jaune/noir (jaune pour la couleur corpo de la bientôt défunte société Kodak et la couleur des l'éclairage inactinique des chambres noires et le noir pour cette période sombre que nous traversons). La NPPA recommande de toujours porter sa carte de média quel qu’il soit pour signifier qui on est et ce que l'on fait afin d'éviter les confusions et promouvoir le droit à l'information et la liberté de presse. C'est prendre position que de déclarer que l'on informe pour défendre le droit à l'information, pigiste ou salarié. Malheureusement, certains médias ne respectent pas toujours leur code de déontologie en terme d'équilibre des points de vue et tendent vers du populisme et de la désinformation. Si vous avez le temps, zappez pour 1/2 heure sur chacune de nos principales chaînes pour vous faire votre propre idée (RDI, LCN, CTV, CBC) les mêmes faits, quatre lectures... Hourra pour la diversité d'informations et le choix. Personne n’a affirmé que ce serait facile, c'est notre cause et nous devons la défendre malgré que certains pensent que « l'image est un texte paresseux. Elle n'aborde qu'un angle; elle peut brûler les yeux innocents. » D'où notre devoir d'impartialité intégré à notre devoir de citoyen à dénoncer l'injustice.

Trouvez l'équilibre.

2 commentaires:

Mortagne a dit...

où pouvons-nous trouvé le carré jaune/noir ?

Martin Benoit a dit...

C'est une travail de bricolage maison.