samedi 15 octobre 2011

À quand la dominante magenta?

 Au début des années 90, j'enseignais comment simuler la dominante verte des publicités Gucci à l'aide de Photoshop™ version 4. Un espèce de croisement de courbes de dominantes qui devait imiter le comportement de la pellicule photo quand on fait une prise de vue sous "mauvais tubes fluorescents".

Durant les premières 15 années de ma carrière en photographie, la dominante à éviter était la verte. On pouvait être un peu jaune, bleu, mais jamais vert, car le vert avait des référents négatifs: hôpitaux, industrie, maladie, etc. Les dominantes jaunes ou bleues étaient plutôt associées à divers moments de la journée et pouvaient être acceptables ou du moins constituer une "interprétation psychologique" de la scène.

Aujourd'hui, la dominante la plus répandue et la plus provoquée est justement celle que l'on fuyait il n'y a pas si longtemps. Ce "maudit" vert-cyan est devenu ce merveilleux vert-cyan. La liste des publicités, des séries télé, des films et des applications de téléphones qui provoquent ces dominantes est interminables. Que s'est-il passé? Comment une couleur maudite devient-elle si recherchée?

On pourrait invoquer la tendance rétro-vintage et l'influence du look Polaroïd. Mais est-ce que les photos des années 60-70 étaient vraiment de cette couleur ou sont-elles vraiment devenues de cette couleur. Quand je regarde dans mes vieux albums j'en trouve que très peu sauf mes vieux tests Polaroïd 2 1/4 et 4x5 qui ont des ombres des ces valeurs. Dans quelle mesure le grand public a-t-il été confronté à ces dominantes. Je peux aussi trouver une grande quantité de diapos qui sont tournées rouges, des photos sépia, des photos trop roses des pellicules Agfa des années 60. Pour moi ces dominantes me rapellent les photos de club sandwich décolorées dans les vitrines des mauvais casse-croute. Je me rééduque et je commence à apprécier la saveur du jour.

Les défauts d'une génération deviennent les qualités d'une autre. Sommes-nous en train de valoriser le désespoir comme les pubs de mode des années 90 ont valorisé le look toxicomane?

À quand la dominante magenta?

South Beach Miami, photo Martin Benoit

2 commentaires:

Anonyme a dit...

"Des goûts et des couleurs..." En effet les choix des couleurs ou de l'absence de celle-ci ont beaucoup évolués à travers les âges. Qu'en était-il dans l'Antiquité, dans les représentations égyptiennes ou sur les parois des grottes de Lascaux. La photographie n'est somme toute qu'un art d'expression graphique parmi d'autres. La tendance actuelle fait peut-être référence à l'apparition des capteurs numériques et du format compressé JPEG qui sont souvent pré-calibrés en température couleur plutôt froide compte de l'utilisation de ceux-ci en éclairage intérieur. Seul le format RAW évite la sélection d'un paramêtre trop prononcé en température couleur. Mais le JPEG quant à lui évite souvent un temps de post-production trop long et la maitrise d'un logiciel de post-traitement plus poussé. Un peu comme le choix du film autrefois (argentique). Ah des goûts et des couleurs... un débat sans fin... et amusant!
Daniel M.

Francois Hogue a dit...

La photographie est influencée d'Hollywood. En voici une belle démonstration: Creating a Summer Blockbuster Film LookBack: http://www.redgiantsoftware.com/videos/redgianttv/item/23/

Beaucoup de photographes de mariage traitent leur photo de cette façon. On ajoute du grain, on teinte... et parfois, je trouve que ça marche. Tant pis si ce sera démodé dans cinq ans.