vendredi 23 octobre 2009

Le phénomène Vincent Laforet/Canon et le capitalisme

Ceux qui suivent la scène des nouveautés technologiques photographiques savent que Vincent Laforet a retiré, tôt cette semaine, une vidéo qu'il avait faite avec la toute nouvelle Canon 1D mk IV qui n'est pas encore sur le marché, mais qui a été officiellement annoncée par Canon ce mardi.

De façon très similaire, lors de la sortie de la 5D mkII, Vincent à faite une vidéo spectaculaire sur les mérites de la nouvelle caméra en un temps record (genre une fin de semaine).

La vidéo Reverie, qu'il avait fait en une fin de semaine lors de la sortie de la 5D mkII, avait fait tout un tapage dans la blogosphère et ses dérivés Internet de sorte que la caméra est "back order" depuis. Nous attendons toujours nos 15 exemplaires qui ont été commandés il y a plus de 2 mois...

Est-ce que la vidéo de Laforet est responsable de l'énorme succès de cet appareil, probablement pas mais il a fait couler beaucoup d'encre et susciter beaucoup d'attention.

C'est un superbe exemple de WOM (Word Of Mouse) qui prouve que nous sommes plus influencés par l'engouement d'un particulier que d'un publicitaire. La répétition de cet exploit avec la 1D mkIV et le synchronisme et en plus le retrait de la vidéo cré un suspense et un intérêt d'autant plus grand. Est-ce la nouvelle (ou pas si nouvelle) stratégie de Canon d'utiliser la réputation d'un de leur "béta tester" pour faire la promotion de leur dernier bébé ou est-ce réellement le grand enthousiasme d'un passionné de photo?

J'ai hâte de voir ce dernier né qui devrait nourrir cette compétition Canon/Nikon d'où nous sortons gagnants en tant que consommateur. Comme j'expliquais aujourd'hui à mes étudiants: vive le capitalisme et à bas les monopoles. C'est le capitalisme et l'absence d'un monopole dans le secteur des caméras pro qui fait que nous avons toutes cette recherche et développement à notre service et cette compétition de prix.

8 commentaires:

Sebastien D'Amour a dit...

Malgré que Canon semble utiliser cet tactique, je crois que c'est faux puisque le 7D n'a pas été présenté ainsi.

C'est vrai que la technologie est plus disponible pour moins dispendieux aujourd'hui. Par contre, ceci apporte également le phénomène du citoyen journaliste photographe vidéographe.

C'est certain que les vidéos de VL sont un superbe marketing pour les boitiers Canon. Par contre, le 5DII est très populaire puisqu'il a le capteur du 1DsMKIII qui est à la modique somme de 8400$.
Donc, 5000$ de moins pour un bon boitier qui offre la même capacité photo sauf pour le système de Af, le viseur et la tropicalisation du boitier. Ceci étant dit, les vidéos créer avec les boitiers apporte énormément d'intérêt auprès de vidéaste et cinéaste qui peuvent réaliser le look cinéma pour moins dispendieux. Par contre, les appareils photos qui font du vidéo ont beaucoup de limite.

La compétition entre les manufacturier est très bonnes pour le consommateur et le photographe!

le futur sera intéressant!

James a dit...

Personnellement je trouve de valeur que Vincent Laforet (et Canon par la bande) assume que leurs clients sont complètement morons...

"J'ai reçu par surprise une 1D Mk4 par la poste à mon hôtel pendant que je suis à LA et wow, j'avais rien à faire en fin de semaine et y'avait justement des acteurs, un char pompé et une petite fille avec un ballon qui trainait dans le lobby de l'hôtel alors let's go hein, on va faire un vidéo rapide pour tester les capacités de ce nouveau jouet ... sans préparation sérieuse hein les gars ... checké comme c'est bon."

C'mon !

Canon n'a déjà plus beaucoup de crédibilité à perde, Vincent lui par contre perd la sienne à vue d'oeil.

Je suis d'accord avec toi Martin, c'est super la compétition, mais si j'étais un photographe de renom comme Vincent je me mêlerais pas à leurs niaiseries de marketing premier degré.

Anonyme a dit...

Je pense que votre position par rapport aux gains prétendus qu'offrent aux consommateurs la compétition en système capitaliste est naïve. En fait, la compétition dont vous parlez entraîne une série de coûts sociaux énormes que, nous, photographes et autres professionnels, les prolétaires de la culture très précaires il va sans dire, payons. Pendant ce temps, c'est l'industrie qui s'enrichit. Les frais de publicité, les lacunes dans la recherche et le développement des hautes technologies dû à la propriété intellectuelle, de même que la chute vertigineuse des prix selon les nouvelles arrivages planifiés, tout cela a un prix pour le consommateur. Dans un monde communiste, l'échange entre intellectuels et techniciens enrayeraient radicalement ces coûts de production monstrueux et rendrait la vie meilleure.

Yanick Dery Studio a dit...

Peut importe ce que l'on pense de la stratégie de promotion de leur produit, et la guerre de leadership dans ce monde en pleine révolution, ce qui est le plus intéressant, c'est de voir de nouvelles opportunités se créer. Malheureusement, ça va dans les 2 sens et beaucoup perdront. Quel photographe n'étant pas capable de maitriser une image en mouvement aura des commandes commerciales dans 10 ans???

Martin Benoit a dit...

Commentaire intéressant et pertinent.

Par contre, l'application du socialisme en Allemagne de l'Est et en Union Soviétique n'a pas eu la conséquence d'un grand avancement technologique dont a bénéficié la population. Il est vrai que les bas prix engendrés par la production locale non respectueuse des brevets ont permis à plusieurs d'avoir accès à du matériel photo qui leur aurait été inaccessible autrement.

On peut prendre pour exemple en URSS la compagne Zenit, en Chine Seagull et on pourrait en nommer beaucoup d'autres qui ont démocratisé le Rollei et le Leica.

Pentacon, la branche socialiste de Carl Zeiss m'a permis d'acquérir mon premier slr (un Praktica Nova 1b). Je dois peut-être ma passion pour la photo aux régimes communistes/socialistes et leur accès qu'ils m'ont donnés à la technologie allemande.

Reste que sans la compétition sérieuse, beaucoup de compagnies restent assises sur leur steak et ne font rien pour le client. C'est l'histoire de l'industrie automobile américaine qui aujourd'hui est en grande difficulté et qui a privé le public de bonnes automobiles pendant que les Européens et les Japonais se forçaient.

Ce qui me semble, c'est que les nouveaux top boîtiers vivent le temps des roses et coûtent cher en développement. Je serais surpris qu'ils soient la manne d'or pour ces compagnies si ce n'est que des retombées sur les appareils amateurs. Un peu comme Fiat qui fiance la F1 via Ferrari comme image de prestige.

Dans un univers idéal, les compagnies partageraient leurs idées et tous en bénéficieraient plus rapidement à moindre coût; et c'est pour ça que je suis enseignant non avare de mes connaissances que je partage. Ma chance, et c'est une vraie chance, c'est que l'on me paie bien pour le faire.

Beaucoup n'ont pas cette chance dans ce monde imparfait. On peut continuer à voter NPD et Québec Solidaire mais...

Anonyme a dit...

Je ne suis pas assez fous pour espérer quelque se soit des partis politiques, rassure-toi. Je partage donc ton mais ici.

Seulement, le communisme dont je parle n'a rien à voir avec les régimes pourris et autoritaires d'URSS ou d'Allemagne. Les ravages de la bureaucratie sont bien connus et je serais fou de m'en inspirer.

Si ma conception du communisme serait trop longue à expliciter, je voudrais recentrer, pour les fins de ce débat, ma critique sur le capitalisme. Car tu te réjouissais de ses conséquences sur le marché.

Sache que moi aussi je suis enthousiaste par rapport au développement technologique. Or, cela ne me fait pas perdre le nord. Beaucoup souffre du capitalisme. Beaucoup, dis-je.

Tu fais toi-même référence au fait que tu es un des rares qui a la chance de vivre de ta passion en partageant tes connaissances. Tous les étudiants en photographie qui ont fréquentés le Vieux t'en sont reconnaissants d'ailleurs! Mais ceux et celles qui n'arriveront pas à cela, la multitude, ceux-là, sont malheureux. La nouvelle Mark IV ne peut rien contre ça.

Dans la Dialectique de la Raison, Adorno parle de la raison instrumentale, soumise à la techno-science, et devenu autonome. Il parle aussi des conséquences de l'industrie culturelle, auquel les photographes participe silencieusement. Tout ça pour dire que le progrès en système capitaliste, c'est aussi le progrès de la domination, l'inhumanité.

Bon. C'est trop long. Mais qu'importe. Un peu de retenu face aux supposés bienfaits du capitalisme s'il vous plaît.

Martin Benoit a dit...

Je vais faire mon effort de retenu. Merci de me le remémorer et je vais aller lire Adorno.

Quelques citations pour s'amuser:

Définition du capitalisme:
Sa mission: mettre la cupidité humaine au service du bien-être collectif. Ses ennemis: La fraude et le monopole. Seule protection: La loi.

Prosperity means spending money you haven't earned to buy things you don't need to impress people you don't like.

Anonyme a dit...

J'aimerais comprendre comment à 6400 ISO sur un capetur APS/H, VLF arrive à obtenir des images aussi propres, avec des noirs aussi denses exempts de tout bruit.

Chaque fois que j'ai utilisé le 5D II pour filmer la nuit des plans de villes à la même sensibilité voir moins, avec un 50mm ouvert quasi au maximum, les vidéos sont vraiment toutes crades tellement le bruit bouffe l'image...