mercredi 4 mars 2009

La chute du Rocky Mountain News

La fermeture soudaine du journal Rocky Mountain News à Denver, Colorado fait énormément couler d'encre (ou dois-je dire, génère beaucoup de caractères aux écrans) depuis une semaine.

Ce journal, qui s'est mérité plusieurs prix prestigieux, a fermé ses portes à la surprise des ses employés et du lectorat. Cette fermeture s'inscrit dans la foulée des fermetures ou mise en faillite de plusieurs quotidiens qui sont confrontés à des baisses importantes de revenus au point de fermer leurs portes. La "récession" actuelle n'aidant pas, la chute des journaux amorcée, il y a plus d'un an, se poursuit.

Ce que je trouve étrange dans le cas du Rocky Mountain News, est le fait que l'on semble responsabiliser uniquement les publicitaires et les lecteurs. Cette équation me semble simpliste, car elle ne s'attaque qu'aux gens qui versent directement de l'argent au quotidien. La question à se poser, me semble-t-il, est pourquoi les publicitaires quittent-ils les journaux et pourquoi les lecteurs quittent-ils les journaux?

Participant à divers groupes de discussions sur la restructuration des médias conventionnels, il me semble évident que les signes annonciateurs de cette dérive soient présents depuis plusieurs années et que l'industrie doit revoir ses paradigmes opérationnels. Personne n'a de boule de cristal pouvant prévoir l'avenir et les modèles organisationnels des quotidiens, mais chose certaine, ils ne peuvent pas continuer selon l'ancien modèle qui ne correspond plus à la réalité des années 2000.

La venue de l'information gratuite avec Internet et des outils comme Google News sont quelques éléments de l'équation, mais de construire une entreprise sur les revenus publicitaires constitue aussi le talon d'Achille de cette entreprise. Si la pub décide de se déplacer, les revenus disparaissent. Certains journaux, comme Le Monde diplomatique, exigent davantage de sous du lectorat diminuant leurs parutions et leur publicité; est-ce une solution? La création de contenu de qualité est très onéreuse et l'accès à du contenu gratuit est dorénavant disponible via le "journaliste-citoyen". Qu'elle est la qualité de ce contenu? Cela reste à voir, mais il peut remplir des pages et attirer un lecteur. Encore hier, la BBC faisait appel aux lecteurs présents à Lahore au Pakistan pour alimenter le fil de presse relativement aux attentats envers l'équipe de criquet sri lankaise qui s'est fait attaquer au lance-roquette. On parle ici de la BBC considérée par plusieurs comme une entreprise de presse respectable.

Pour la question de la crédibilité qui avant était l'apanage des quotidiens, cette confiance en les grands médias traditionnels papiers semble s'être érodée. Encore, Infopresse faisait état d'un nouveau "lieu" qu'est devenu Internet et du fait que de plus en plus de gens préfèrent croire leurs pairs qu'un grand média.

Sommes nous tous devenus cyniques, ou est-ce que les théories de complot global nous ont tous minés, ou les quotidiens en sont-ils arrivés à l'heure des comptes et doivent de plus en plus faire la démonstration de leur "qualité"?

Les photographes en sont eux rendus à l'heure des comptes et ne peuvent plus compter sur leur avantage technologique, car ils savaient mieux manier la bague d'ouvertures et la molette de l'obturateur que l'amateur. Il est évident, pour les photographes, que présentement, seule l'excellence survit et que cette excellence doit être maintenue. La technologie a forcer le "professionnel" à souligner son vrai professionnalisme pour rester en vie, peut-être en somme nous rendus à cette démonstration de la part des quotidiens du au fait que les publicitaires sont en train de les déserter?

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