mardi 12 août 2008

Caméras détruites et retrouvées

On m'apprend que les restes des caméras de Robert Skinner ont été retrouvés en mille morceaux.

Cette trouvaille pose une dramatique question et force à une observation: Robert n'a pas été agressé dans le but de vendre son matériel, mais plutôt dans le but de l'empêcher de faire ses photos et de les publier, ou encore de les transmettre aux forces de l'ordre. Pourquoi les photographes officiels des médias sont-ils perçus comme une menace? Ont-ils été des "collabos" dans le passé? La dernière fois qu'on a tenté de forcer les médias à donner leurs photos aux forces de l'ordre (lors des émeutes de la rue Ste-Catherine), les médias ont réussi à conserver leurs images. Reste que la diffusion à grande échelle de photos d'émeutiers peut aider la police à effectuer des arrestations.

Il en va de la liberté d'informer pour lutter contre les abus des diverses instances et simultanément de faire son travail sécuritairement, photographe pour un grand quotidien ou pour un petit média. L'information a toujours été un maillon de la désinformation et contribue à libérer les peuples des pires jougs et simultanément les médias peuvent contribuer à maintenir une société servile. Être intervenant dans les médias constitue une responsabilité et un risque. Peut-on imaginer un contexte où le métier serait plus sécuritaire? Comme disait un de mes collègues, on a besoin d'un bon film hollywoodien où le photographe sauve la planète pour changer l'image publique... Sérieusement, les médias n'ont plus la cote qu'ils avaient et quand s'installe le cynisme et la désillusion, que reste-t-il? Les médias alternatifs et indépendants? Sont-ils immunisés contre ce genre de "répression"? Ont-ils un agenda caché, eux aussi?

Patrick Sanfaçon, photographe à La Presse, commente l'événement sur son blogue.

photo Martin Benoit, 2006

5 commentaires:

Anonyme a dit...

Salut Martin
juste une petite précision, après les émeutes de la rue Ste-Catherine, il y a eu un ordre de la cour qui obligeait les médias à remettre leurs photos à la police, ce qui a été fait par une saisie des policiers avec un mandat. Pour ce qui est du Journal de Montréal les avocats de la compagnie ont réussi à limiter cette saisie aux photos qui avaient été publiées(comme indiquer dans l'ordre de la cour) et non à tout le stock que Luc Laforce avait ramassé.
Il est là le problème de notre neutralité, désormais bafouée.

Anonyme a dit...

Pour être encore plus précis, je me suis renseigné, et les avocats des médias ont réussi à empêcher que les photos saisies soient utilisées comme preuve lors des procès, mais allez donc expliquer ça à des manifestants crinqués à mort, qui ont juste en tête que nos images peuvent servir contre eux.
Nous sommes dans la ma....

Martin Benoit a dit...

Si les images ne servent pas de preuve contre eux, ils servent à les identifier, ce qui revient au même...
Les journaux étaient fiers d'écrire sur le fait que la police réclamait leurs photos et qu'ils ne les avaient pas données, mais par le fait même, le message est passé que la police utilise ce stratagème. On n'en sort pas. Il faut que les médias démontrent leur indépendance, ce qui n'est pas évident dans cette ère de convergence de toutes formes...

Unknown a dit...

Pendant la "grève étudiante" de 2005, je suis allée a un atelier de sécurité ou d'information sur nos droits ou je ne sais trop. C'était un atelier très intéressant, mais on nous y disait entre autres que la police engageait des photographes pour prendre des photos des manifestants pour les ficher et ensuite pouvoir coincer ceux qui auraient été vu trop souvent, même s'ils n'ont rien fait de grave en fait, que le seul fait de manifester dans certains cas nous rend coupable. On conseillait donc de se promener avec un bandeau sur le visage et de fuir a tout pris la caméra. Et ce n'est pas le seul endroit où j'ai entendu ça. Je trouve que ça installe un climat un peu parano où toutes les caméras sont ennemis et peuvent te faire arrêter. Je ne sais pas si c'est vrai que la police a des photographe pour se souvenir de certains "trouble-fêtes" ou pour tout autre raison, mais légende urbaine ou non...

Martin Benoit a dit...

Le journal Voir avait consacré un numéro sur ce phénomène "officiel" de documentation des foules par les forces de l'ordre. C'est une vieille stratégie et de plus en plus de ces photographes sont identifiés.
voir: http://www.martinbenoit.com/photos/observateur.jpg