samedi 28 juin 2008

Rat Race

Martin Tremblay, directeur de la division photo à La Presse, me faisait la prévision que nous allons retourner aux photographes des années 60, c’est à dire, équipés beaucoup plus léger avec une approche plus simple.

Sur le coup je n’ai pas vu les avantages d’un tel retour en arrière, mais en réfléchissant bien je me suis souvenu que j’avais été ce genre de photographe.

Pendant plus de 20 ans, un grand-angulaire était pour moi une 28mm, un télé, une 105mm et une normale, une 50 f1,4. Je shootais sur du HP5 à 800 iSO. Ma vie commençait et se terminait là et mon portefeuille ne s’en portait que mieux... J’avais de 17mm à 500mm sur mes tablettes, mais je n’utilisais pas vraiment les autres objectifs. C’est il y a 6 ans, quand j’ai commencé à me numériser sérieusement que j’ai embarqué dans ce Rat Race vers les performances matérielles.

Oui, le numérique nous permet de prendre beaucoup plus de photos (souvent trop), de valider ce que nous photographions au fur et à mesure et par le fait même d’augmenter le taux de bonnes photos. Quand je pars léger et que je suis en compétition contre personne, j’apporte ma 20D avec une 30 F1,4 ou ma E1 avec un 14-54 f2,8. La première solution lumineuse, la seconde versatile, très légère et robuste.

L’accélération de la vitesse à laquelle les images sont requises et la compétition entre les médias nous donne souvent l’impression que si nous n’avons pas le summum en tant qu’équipement, nous somme en désavantage. Je n’ose pas photographier du soccer sans une 300 ou 400 2,8. Est-ce qu’il s’est fait de bonnes photos de soccer avant ces objectifs?

Il faut dire que ce que la technologie a apporté, c’est, d’augmenter la chance de faire une photo spectaculaire. Plus personne n’est impressionné quand il voit une photo de la rondelle qui vient juste d’entrer dans le filet. Quand Speed Graphic et GE ont introduit leur obturateur à rideau synchronisé avec la combustion d’une lampe-éclair au magnésium, ce fut une révolution dans la photographie de hockey. On pouvait enfin photographier, avec une caméra de reportage 4x5, une photo plus ou moins arrêtée d’un joueur de hockey sur du Super XX.

Qu’est-ce qui constitue une photo qui va passer à l’histoire et qui est significative en terme de narration photojournalistique? L’habitude qu’ont les lecteurs de voir le moment «invisible» est telle que l’on a l’impression que si on ne le produit pas, la photo est manquée ou non significative. Ces attentes ont mis la barre très haute en photos sportives et dans d’autres domaines où la performance technique est responsable de l’image. Est-ce que les éditeurs sont prêts à publier autre chose que le moment techniquement rare quand la compétition aura publié ce moment?


Madame Renaud lors de la parade de la St-Jean Baptiste. photo Martin Benoit

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