jeudi 14 février 2008

L'histoire moins connue de Polaroid


J'ai été un grand fan de Edwin Land (fondateur de la maison Polaroid) j'ai collectionné toutes les publicités de la firme publiées dans le magazine Scientific American depuis 1959. J'ai lu plusieurs biographies du chercheur; sa correspondance avec Ansel Adams, des biographies non autorisées, etc. J'utilisais le Polaroid 55 P/N (positif/négatif) en 1979 avant même d'être étudiant en photographie et avant même que le film devienne populaire chez les photographes. Mais comme tout bon disciple qui s'intéresse un peu trop à son maître, j'ai découvert à travers les années quelques craques dans cet édifice de superlatifs.

Quelques faits intéressants relativement à cette étrange compagnie fascinante:
-Edwin Land quitte au milieu de son bac à Harvard pour finir ses recherches personnelles sur le PVA (polyvinyl alcool et sa transformation en filtre polarisant), il fait breveter son idée avant même la fin de son bac.
-On réfère toujours à Dr Land mais, faites vos recherches, et je crois qu'il n'a jamais obtenu de "vrai" doctorat mais que des doctorats honorifiques.
-Il est, ou était, le second détenteur de la plus grande quantité de brevets d'invention (550) après Thomas Eddisson (plus de 1000).
-Il a construit sa fortune initiale avec d'importants contrats militaires de la Seconde guerre mondiale qui utilisait des filtres polarisants pour les lunettes des pilotes d'avions et autres accessoires en avionnerie.
-Àprès la 2e guerre mondiale, il tente de faire "revivre" l'usage de ses filtres polarisants en concluant un accord avec les grands constructeurs automobiles dans le but d'imposer des filtres polarisants dans les pare-brise et les phares des automobiles. L'accord et l'utilisation de tels dispositifs n'auront jamais lieu.
-Comme par magie, dans ce creux financier, il "inventera" en un temps record le film instantané pour lequel nous pleurons aujourd'hui. Ici je me permettrai une anecdote intéressante. En 1983 je suis allé pour la première fois à Calcutta en Inde. Le défunt collègue de mon tout aussi défunt papa apprenant la nouvelle, insiste pour me rencontrer avant mon départ pour m'expliquer un truc important. Ce collègue, Georg Nogrady, hongrois, photographe scientifique, consultant pour la firme Eastman Kodak, radiologue et professeur à l'université de Montréal; insiste pour que je visite la British Library à Calcutta pour y consulter un exemplaire d'un rare magazine hongrois sur la photographie publié juste après la Seconde Guerre. Dans ce magazine on décrivait une invention hongroise "le imbibition process" qui permettait de développer instantanément une image. Ce procédé est exactement celui que Edwin Land a fait brevetter quelques années plus tard aux USA.... Coïncidence étrange ou dette de guerre pour "punir" les Hongrois d'avoir été du mauvais côté durant la Seconde guerre?...
-Après la Seconde Guerre il (ou plutôt le vrai Dr Mahler) mettra au point le Vectograph, une technologie qui utilise un hybride entre le transfert hydrotypique et la construction d'un polarisant pour produire un dispositif pour projeter des films en 3D. Le système n'aura aucun succès à part quelques rares utilisations en optométrie (l'image de la fameuse mouche avec des ailes que l'on tente de saisir).
-Sa firme met au point une version couleur sans déchet du film instantané, le film SX70. La caméra du même nom contient plus de brevets que tout autre produit développé précédemment, un chef-d'oeuvre de recherches et développements.
-Il met au point un dispositif de synthèse additive à 2 couleurs (le vert et le rouge) dans le but de simplifier la construction de ses émulsions couleur.
-Il élabore la théorie des "rétinex" qui va à l'encontre des conceptions antérieures qui démontre que la vision des couleurs ne se situe pas sur la rétine de l'oeil mais dans un amalgame de la rétine et du cortex. Cette théorie mal acceptée est la seule qui à mon sens permet d'expliquer pourquoi nous ne percevons pas les dominantes induites par les diverses sources lumineuses mais que l'appareil photo les perçoit.
-Polaroid est la seconde compagnie à se retirer de l'Afrique du Sud sous apartheid afin de protester contre ce système social.
-Polaroid a mis à point une pile électrique à très forte réserve et très grande longévité sur la tablette dans le fim SX70 qui contient sa propre pile interne. Beaucoup de ces piles on plus de 20 ans et fournissent le courant de la première journée. Ce n'est pas le cas de nos piles au lithium ions de nos cellulaires et caméras numériques.
-Il quitte Polaroid pour fonder le Rowland Institute à Cambridge pour avoir plus de liberté pour faires ses recherches et développer ses idées.

Enfin, je pourrais continuer longtemps, mais je vais vous laisser respirer et revenir au 21e siècle.

publicité datant de 1980 extraite de ma collection faisant l'éloge des qualités du sonar incorporé dans la caméra SX70 pour effectuer l'autofocus. La compagnie faisait appel aux lecteurs/chercheurs du magazine Scientific American pour trouver de nouvelles applications à ce sonar domestique.

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